lundi 20 juillet 2009

Lima, jeudi 2 juillet

Retour à Lima après notre périple andin. Ma tête est encore pleine de tous ces paysages, impressions, souvenirs de rencontres fugaces (nos deux sœurs colombiennes dans le train qui nous emmène vers le Machu-Picchu…) et de simples mots échangés.
Le temps d’un voyage, la fuite des jours et la lente dérive vers l’inéluctable fin semblent s’être arrêtées. Peu de temps pour réfléchir. Il est encore trop tôt pour établir ou même tenter un bilan.

On touche ici du doigt la disparité des conditions, et du même coup se repose la question qui hantait Malraux dans «Les Noyers» : qu’est-ce que l’homme ? Permanence de sa lutte séculaire pour la simple survie ? Mais aussi son aspiration à une vie meilleure, autre – ce qui peut paraître dérisoire lorsque celle-ci se traduit par une foi naïve en une religion syncrétique, fortement teintée de superstition, qui tente de concilier catholicisme et traditions ancestrales. Le nez vers la terre, courbant l’échine devant plus puissant que lui : l’homme des Andes. La terre et ses colères destructrices (mais elle est en même temps terre-nourricière : la «pachamama» !) ; et puis l’histoire : les conquistadors espagnols dont une classe dirigeante prédatrice a pris le relais ; les puissances d’argent qui poussent indirectement le paysan (le peon) à l’exode rural en rendant toujours plus attractif le mirage de la grande ville ; un développement à l’américaine imposé par le libéralisme qui incite au chacun pour soi ; la loi de la jungle que tempère mal la survivance de liens familiaux, quasi tribaux, réels et étroits.

Les paradoxes qu’engendre la mondialisation du modèle économique néolibéral revêtent ici des aspects surprenants, frôlant l’absurdité lorsque l’on constate que le plus déshérité des liménois possède son téléphone portable dans une ville pourtant jonchée de détritus et livrée à l’anarchie d’une circulation chaotique. Un immense système-D fait que chacun s’efforce de survivre et de prospérer au détriment du bien-être collectif qui exigerait droiture et honnêteté de la part des citoyens comme des dirigeants, rationalisation et mise en commun des moyens et des volontés, développement des équipements collectifs et éducation des citoyens

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