lundi 20 juillet 2009

Lima, vendredi 3 juillet















Le voyage nous invite à purifier notre regard [1]. Pour qui veut garder les yeux ouverts, il rend aussi nécessaire une réflexion sur la justice et sur notre propre responsabilité dans ce qui fait le quotidien des foules du tiers-monde.

Je n’ai rencontré chez ce peuple andin que labeur et dignité, en dépit de conditions de vie souvent précaires, toujours problématiques. Il est vrai que le contraste reste frappant entre la ville – Lima, au premier chef, qui abrite non loin du tiers de la population du pays – et la province andine que j’ai parcourue. Contraste encore entre les quartiers « riches » de Lima : San Isidro, Miraflores, La Molina, Surrco et autres, plutôt bien entretenus, et les quartiers « pauvres », jonchés de détritus, recouverts de poussière et comme laissés à l’abandon.
Contraste toujours entre les comportements : ceux des touristes, avides d’ »exotisme » et de plaisirs à bon marché et ceux de l’immense majorité des Péruviens. Ces derniers, logiquement désireux de tirer parti de cette manne qu’ils doivent au développement des moyens de transports et des infrastructures autant qu’à la beauté des paysages, ne sont pas pour autant prêts à renoncer à leur dignité ni à leur fierté.

Lorsqu’on a touché du doigt la dureté des conditions de vie des populations andines, on comprend l’attrait que peut exercer sur elles les commodités de la grande ville, le mirage d’espoir qu’elle peut susciter.
Pourtant, le prix de l’exode rural est exorbitant pour celui qui cède aux sirènes de la mégapole comme pour la collectivité. C’est pourquoi le développement d’un « tourisme durable », contrôlé dans ses débordements et respectueux des cultures locales peut représenter un bien pour cet étrange et merveilleux pays.

A cet égard, Cusco, qui fut, on le sait, la capitale de l’empire Inca, constitue un « modèle » à surveiller : à imiter dans ses aspects positifs, à rejeter pour ce qui est de ses excès. Oui à la randonnée (trekking), au rafting, à tous les sports de plein air pour lesquels le Pérou reste l’eldorado qu’il fut jadis, mais non à la prostitution, aux beuveries, à la drogue et au jeu qui tendraient à faire de Cusco un nouveau Manille ou Bangkok du « tourisme sexuel », comme y mèneraient inéluctablement les habitudes et les vices de certains occidentaux dans un pays où sévit encore la pauvreté.

Il est vital également pour ce pays de maîtriser ses ressources en eau (la côte Pacifique, au sud et au nord de Lima, n’est qu’un désert qui, par places, se transforme en oasis lorsqu’un cours d’eau venu des Andes en permet l’irrigation).

Visite de Lima avec R. Musée de l’Or, dont on dit que la grande majorité des pièces qu’il renferme seraient des faux ! Déjeuner « chifa », cette variante péruvienne de la cuisine chinoise. Quartiers San Isidro, Miraflores, San Boja. Parque des Aguas. Barranco : le rendez-vous des artistes, des bohèmes et des intellectuels. C’est là que réside Mario Vargas Llosa [2].
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[1] cf. Mat. 6, 22-23 et Luc 11, 34-36.
[2] A lire, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore son oeuvre : "La Casa Verde", trad. fçse "La Maison Verte", Paris, Gallimard, 1969, Collection "L'Imaginaire".

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