samedi 18 juillet 2009

Lima, lundi 22 juin



















































Nous arrivons à la tombée du jour. Avant l’atterrissage, à peine le temps d’apercevoir les chalutiers ancrés dans le port de Callao.
Attente interminable avant l’apparition de nos valises sur le toboggan de l’aéroport. Certaines sont emballées dans un cocon de film plastifié : précaution utile contre les détournements et les vols, fréquents ici dit la rumeur ?
Lorsqu’enfin nous quittons l’aéroport, la nuit est tombée.
Impression de déjà vu. Sous chaque réverbère, un halo de lumière orangée. De part et d’autre d’avenues chichement éclairées, des bâtiments grisâtres, d’un seul étage, rappellent vaguement ceux du Caire.
La circulation est aussi chaotique que lors de ma première visite, il y a treize ans, et les véhicules, qui se faufilent et se croisent en tous sens, toujours aussi disparates. D’étranges mini-cabs font songer aux mini-taxis de Bangkok, en plus colorés, mais aussi en plus rudimentaires.
C’est ici l’hiver. La température, plus clémente que sous d’autres cieux, reste agréable, mais la pollution, sans doute aggravée par l’humidité ambiante, frappe immédiatement.
Un long périple à travers de tristes banlieues nous conduit jusqu’à la maison de C.

Le seul livre qui m’accompagne dans ce voyage est celui de J.-B. Pontalis L’amour des commencements. Je le lis à temps perdu, son découpage en textes brefs, apparemment indépendants (associations libres du psychanalyste ?), favorise cette lecture lacunaire. D’autre part, l’emploi du temps serré qui sera le nôtre durant les trois semaines à venir ne me permettra pas de longs moments de solitude.
Je relève ce passage, qui me parle : « …l’hypocrisie, je l’attribuais toute à la feinte que permet le langage, à son essentielle tromperie. Il la permet. C’est-à-dire qu’il la rend possible, mais il ne l’autorise pas, car il prétend dire ce qui est. Alceste, on s’en doute, fut le premier de mes héros culturels. Comme pas mal de garçons de cet âge, je me reconnus dans ses dénonciations. Ce n’était pas les hommes qu’il haïssait, c’était ce que les hommes faisaient du langage, ce que le langage avait fait des hommes. Voilà ce qui sécrétait sa bile noire. Seul le langage avait pouvoir de rendre malade et fou. Le langage ou la femme : je soupçonnais là une inquiétante équivalence. » (édit. Folio, p. 35)

Ne pas omettre de relever, dans la relation que je ferai du voyage, la façon dont certaines compagnies aériennes (nous avions choisi Iberia pour ses horaires) traitent maintenant leurs passagers comme du bétail. Laides hôtesses aux mines renfrognées, tout juste courtoises, qui vous distribuent sans l’ombre d’un sourire des plateaux repas à peine mangeables. Qu’il est loin le temps des accortes stewardess gracieuses et prévenantes - et celui des repas fins !

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